lundi, janvier 21, 2013

Sous le ciel de faïence ne brillent que les correspondances

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On raconte qu’il n’y a pas de soleil sous la terre, que l’on croise des gars que l’on ne reconnait pas. Bienvenue parmi le Peuple des tunnels.

Astrid Fontaine nous guide dans les couloirs du souterrain pour remonter dans les années folles. Au travers des petites gens qui font la grande histoire, elle nous raconte l’histoire de la compagnie Nord-Sud. L’ère héroïque de la construction du métropolitain.

Il était une fois Goliath, j’ai nommé la Compagnie du chemin de fer Métropolitain de Paris (CMP) qui avait acquis une concession de la ville de Paris pour concevoir une ligne de transports en commun pour la ville.
L’histoire n’aura retenu qu’eux, et les travaux de l’ingénieur Fulgence Bienvenüe.
Mais face à eux se dressait David, la compagnie nord-Sud et l’ingénieur Jean-Baptiste Berlier. La société exploitait deux lignes de métro, notamment la célèbre Montmartre-Montparnasse. Elle a également traversé la Seine, exploit fameux de l’époque.

Cette fois-ci, David a perdu. La fronde aura vécu et la CMP absorbera sa petite sœur pour finalement se voir elle-même nationalisée et devenir la pachydermique Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP).

Il reste cependant des traces de la « Nord-Sud » qui s’offrent à l’œil exercé. Ces lettres NS entremêlée dans le fer forgé ou bien gravées sur la faïence ou encore la rotonde de la gare Saint-Lazare en sont les témoignages bien vivants.

En dehors de cela, pas grand-chose. L’histoire n’est qu’un char sans rétroviseurs. Il fallait bien les talents d’ethnologue d’Astrid Fontaine pour faire revivre la compagnie oubliée. Comment ? Au travers des paperasses soigneusement archivées par la RATP.

On trouve dans ces formulaires et ses matricules l’écho de la vie d’autrefois. Les courriers de retards, les dossiers médicaux, les lettres aux collègues et tant d’autres fragments d’histoires.
C’est l’approche de l’auteur, nous raconter l’histoire de la compagnie en recréant la vie de ses employés par leurs traces administratives.
On n’y trouve que des petites gens et bien des malheurs. Les années folles et insouciantes sont réservées à l’élite. Tandis que sous la terre, le peuple des tunnels souffre. On y parle de la misère et de la faim. Les hommes disparaissent à la guerre, les femmes meurent de l’enfantement. Tandis que l’alcoolisme, la syphilis ou la violence s’occupe des survivants. La comparaison avec l’Assommoir de Zola est flagrante. Sauf qu’il ne s’agit ici plus de fiction ni de roman.

Le livre se termine par une mise en perspective de l’histoire du métro à Paris. Comment cette audace technologique, ce projet fou a pu voir le jour et transformer radicalement la vie des parisiens. Metro-boulot-dodo ont une histoire et au fond des tunnels plus d’un siècle nous regarde.



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