dimanche, janvier 29, 2012

2011, le top du pire...

Oyez, oyez internaute blasé ! Bienvenue dans la petite galerie des monstres. N’ayez pas peur, ils sont laids, repoussants, mais ils ne mordent pas. Ils ne sentent pas bon, mais ils sont frais. Je les ai tous ramassés sur le bord de la route durant la triste année passée.

Pour compenser une mémoire défaillante, j’ai pris l’habitude de noter le nom des livres que j’achète. Sitôt lu, je leur donne une note sur cinq points. Avec un point, je cloue au pilori les atrocités qui ne méritent pas l’encre avec lesquels ils sont imprimés. Quand au cénacle des étoilés cinq fois, ils font partie de ces romans desquels je parle avec une larme à l’œil.
Comme j’essaie d’avoir bon gout, la majorité de mes lectures se situe entre trois et quatre étoiles. Sauf pour cette sombre année 2011 où je n’aurais eu ni la quantité ni la qualité.

Petit florilège de mes pires lectures de l’année 2011.

Je commence avec le phénomène médiatico-prétentio-médiocre de l’hiver dernier. Décidément, Stéphane Hessel m’a donné matière à m’indigner.
Déjà j’aurais du me méfier du thème trop accrocheur dans le contexte actuel. Car c’est vrai que notre monde nous donne à foison des raisons de s’indigner. Cruel, difficile, injuste, promis à aller de mal en pis. On croirait presque entendre Caliméro et son « c’est trop inzuste ».
Alors forcément, la vie du bonhomme qui l’a écrit en impose. La lutte contre l’injustice, ça le connait Stéphane Hessel. Malheureusement, un homme exceptionnel ne fait pas nécessairement un bon écrivain et un destin extraordinaire ne donne pas forcément la matière d’un bon livre.

Qu’est-ce donc que ce livre ? Certainement pas un roman, trop court pour être un traité. Et pour un essai, il est raté.
On trouve tout d’abord une biographie mal écrite de l’auteur qui explique maladroitement comment les évènements qu’il a vécu ont alimenté son esprit de résistance. S’ensuit un monologue sur quelques raisons actuelles de s’indigner.

Oui mais, une fois indigné, on fait quoi ? Ben à priori rien, on ne dépasse pas le stade de Caliméro. Parce que le livre, on l’a déjà fini. Il ne coutait pas cher, certes, mais déjà bien trop pour le contenu, creux et mal écrit.

En conclusion, à lire comme un témoignage, mais qui ne mérite certainement pas les deux étoiles que je lui ai attribué.



Ensuite, j’ai lu La muselière de Minette Walters. Pour celui-là j’avais une bonne excuse. Jamais je n’aurais pensé à l’acheter. Une opération commerciale du genre deux livres achetés, le troisième offert me l’a imposé. Bienvenu dans le merveilleux monde de la surconsommation, d’ailleurs il ne faut plus dire livre mais « produit » culturel.
Bref, pour ne pas gâcher les volontés philanthropiques des pontes du marketing, j’ai lu le bouquin.
A première vue c’était un petit polar sans présentations, avec un thème d’une originalité extraordinaire. Une vieille très riche est retrouvée morte chez elle, dans un petit village ou tout le monde se connait. On ajoute un soupçon d’intrigue familiale tarabiscotée, une mise en scène Shakespearienne de la mort, deux trois coups de théâtre, et voilà.
Je ne sais pas si l’auteur se trouvait en panne d’inspiration ou si elle à suivi à la lettre les conseils de « Ecrire un roman pour les nuls ».
Le tout est mal écrit et/ou mal traduit.
Pour résumer ce livre sans grand intérêt je lui donnerais deux étoiles.



Troisième lecture de l’année. On change de stature, on s’incline en marque de respect et on va chercher le tube d’aspirine. C’est peut-être le snobisme qui m’a fait acheter Le crépuscule des idoles de Nietzche. Mais c’est surement le masochisme qui m’a poussé à le lire.
Mes cours de philosophies sont désormais lointains. Et de toutes les façons, je n’y voyais à l’époque qu’une occasion de rattraper mes insomnies nocturnes.
Mis à part quelques maximes populaires et la fin du quidam à l’asile, je ne connaissais donc pas le grand Frédéric Nietzsche.
J’ai du m’accrocher pour le lire et je pense être passé à des lieues de la signification du texte. Il n’empêche qu’à mesure que je tournais les pages mon malaise grandissait. Ce roman ne pouvait avoir été écrit pas quelqu’un de sain d’esprit.
La prétention iconoclaste de mettre à bas les idoles m’attirait. Je m’y suis brûlé les ailes. Comme l’adolescent rebelle qui essaye sa première cigarette j’ai d’abord toussé, puis en m’acharnant, j’ai finis pas avoir envie de vomir.
La dose était trop forte pour moi. Les idoles y sont bien passées, les grecs anciens, la morale, les principes de liberté, la société moderne. Le tout argumenté avec aplomb, arrogance et mépris.
« Le malade est un parasite pour la société. »
Son propos est le plus souvent argumenté avec pertinence et justesse. Difficile pour les esprits simples comme le mien de réfuter le discours. En bref, l’ami Fred ne semble pas très fréquentable.

Pour la profondeur de la réflexion et l’apport du texte à la pensée moderne, je suis obligé de concéder deux étoiles à cet essai nauséabond.



J’ai fini le tube d’aspirine avec Nieztche. Je n’ai plus grand-chose pour guérir de la gueule de bois carabiné que m’a refilé le livre de Peter Mayle.
J’ai cru acheter un polar épicurien, une prière à Dionysos. Un cambriolage ouvre le livre. Pas n’importe quel cambriolage, l’un des arrivistes d’Hollywood retrouve sa cave vidée de ses plus grands crus. Le tout peu après que ledit matamore aie fait publier un reportage sur ladite cave.
L’assurance rechigne à rembourser les pertes surévaluées. Elle embauche donc un détective privé pour retrouver la trace du raisin fermenté, le narrateur.
L’enquête policière est pitoyable et sert tout juste de prétexte à la visite des domaines bordelais et des caves de richissimes collectionneurs.
Je m’attendais à trouver une arnaque, je n’ai compris qu’en fermant le livre que c’était moi qui m’étais fait pigeonner.
Le livre mérite tout juste ses deux étoiles.

Il est rare, pour ne pas dire que je ne donne qu’une étoile à un livre. Généralement, je le fais plus par esprit de vengeance que par l’étude raisonnée des qualités littéraires.
Catherine Millet, en racontant sa vie sexuelle voulait choquer, faire le buzz, faire vendre ? Elle aura réussit sur tous les plans.
Une autobiographie trash et incompréhensible, sans queue ni tête. La précédente phrase est dénuée de jeu de mot. L’architecture du texte m’échappe encore et toujours. Le vocable de la dame oscille entre le plus cru et le plus châtié.
La dame a bâti sa réputation sur la critique d’art et son texte s’en ressent. Beaucoup de mots compliqués pour paraitre, un discours lénifiant pour perdre son auditoire et au final ne rien dire. Ah si, l’auteur alterne avec des termes cliniques ou vulgaires, description de pénétrations sordides en gros plan.
Entre trash et chiant, l’ouvrage mérite bien le pilori auquel je le destine.

Au tour de Pierre Péju de nous emmener faire une traversée de la Diagonale du vide. Difficile de faire titre plus évocateur de la profonde vacuité de l’ouvrage.
J’exagère à peine. J’ai parcouru les quelques centaines de pages à rechercher quelque chose, sans jamais le trouver.
Le narrateur ouvre le récit en décidant de plaquer une vie trop superficielle. Il part se réfugier dans la solitude des gites de grande randonnée pour réfléchir au sens de l’existence. Il rencontrera une étrange marcheuse, une ravissante jeune femme à la recherche de spiritualité. Lancé à sa poursuite, il sera le témoin d’un enlèvement sous le couvert du secret de la raison d’état.
Présentée comme cela, la quatrième de couverture à de quoi attirer le chaland. Et je me suis fait piéger.
Le roman hésite entre des thèmes forts et accrocheurs, la quête du sens de la vie, l’espionnage, l’aventure, et même une histoire d’amour à quatre sous teinté de romantisme gentillet. A force de draguer des sujets hétérogènes, l’histoire n’en traite aucun et se révèle au final inutile.

L’absurde et le loufoque ont révélé des maitres de la littérature. Des génies capables de s’engager et d’aborder des réflexions profondes au travers de l’humour. Douglas Adams, Terry Pratchett font partie des maitres du genre. J’ai cru en apercevant la Dimension des miracles trouver en Robert Sheckley un troisième mousquetaire du genre.
Perdu !
A la manière de ces photographes qui encadrent leurs images d’un liseré noir pour faire ressortir les couleurs, ce livre m’aura donné le sens du contraste. Il faut du talent pour manipuler l’absurde. L’arme est efficace mais dangereuse. Et Robert Sheckley en fait n’importe quoi. Un roman découpé en scénettes loufoques et colorées, des transitions incongru, un récit truffé de réflexions philosophico-stériles.
L’histoire se termine par un retour à la case départ, sans rien de changé dans la vie du narrateur. L’auteur cherche-t-il à s’excuser de nous avoir fait perdre un peu de notre temps ?

Voici pour terminer l’année, la pire du pire de 2011. Un autre de ces livres rares qui me donne envie de cracher mon mépris à la face de l’écrivain. Obscène et pornographique, Crash est pire que cela. James Graham Ballard s’est surpassé en visionnaire malsain.
Anesthésiés par une vitre trop facile et trop routinière, le narrateur et ses comparses ont découvert de nouvelles sensations, un peu par hasard. Au volant de leurs bolides chromés, ils ont dépassé le stade du sadisme et du masochisme. L’accident automobile comme orgasme ultime, mêlant la douleur et la mutilation dans un délire sensuel. Et les descriptions qu’en fait le narrateur ne nous épargne rien, pas le moindre os brisé, la moindre goutte de spermes ou autres liquides corporels.
Derrière les apparences crades et visqueuses, il n’y a finalement rien. Le narrateur est un oisif qui visiblement gagne trop bien sa vie à ne rien faire et à côtoyer des stars. Par le hasard tragique d’un accident automobile il en vient à tuer un autre homme. Dès lors sa vie bascule et il rencontre un club d’accidentés jouisseurs et notamment son mentor.
Et puis...
En fait rien de plus, tout cela s’étale dans les pages à la manière d’une confiture rance. Les critiques voient dans l’œuvre de Ballard une critique visionnaire du devenir de la société. Quarante ans plus tard, la vision et son intérêt m’échappent totalement.

Gageons que 2012 m’inspirera des lectures plus intéressantes.

dimanche, janvier 01, 2012

La science fiction n’est pas morte

Dans ce nouveau millénaire, la science fiction ne fait plus rêver. La communication est devenue numérique et les amitiés virtuelles, la terre à perdu le défi du rendement face aux cultures hydroponiques, la médecine à découvert des myriades de nouvelles maladies. Cause ou conséquence, c’est maintenant la littérature dite fantastique qui trône parmi les littératures alternatives. Soumis à une science sans conscience, nous réfugions notre imaginaire au pays des magiciens et des dragons.

J’ai suivi le mouvement et je ne pensais pas que l’on pouvait trouver encore de la bonne science fiction. J’ai découvert de nouvelles idoles capables de réenchanter le monde, tel que Gaiman, Resnick, Martin, Pratchett, Cook et tant d’autres.

J’ai découvert un peu par hasard, plutôt par désœuvrement qu’il subsiste encore quelques bons artisans, capables de forger de la science fiction ambitieuse. Des écrivains improbables capables de faire rêver par la science dans un monde ou l’imaginaire et le romanesque sont rongés par les arcanes de la complexité scientifique.

J’ai découvert Robert Charles Wilson au travers de Spin. Un véritable virtuose capable de redonner ses lettres de noblesse à un genre que je croyais passé de mode.

Donc Spin, ça parle de quoi ?
Le temps présent du récit se déroule dans approximativement 4 milliards d’années. Ce n’est pas déroutant ou trop exotique car en fait la trame de l’histoire débute de nos jours et un habile jeu de flashbacks nous fait défiler les millions d’années en quelques centaines de pages.

Vous l’aurez compris, l’auteur s’attaque à l’un des thèmes les plus rabâchés de la science fiction, le temps. Avec les centaines de récit traitant du même thème, on aurait cru en avoir fait le tour. Et pourtant Spin réussit à le renouveler.

C’est par une belle nuit d’automne que l’histoire débute. Une belle nuit sans nuages pendant laquelle le narrateur voit disparaitre les étoiles. Si une panique généralisée s’installe, elle est de courte durée car le lendemain voit reparaitre le soleil.
Mis à part la lumière du soleil, il s’avère que la terre est coupée du reste de la galaxie, enveloppée dans un immense cocon. Bien rapidement, les scientifiques découvrent que cette carapace protectrice possède une autre fonction. A l’extérieur de la membrane de « Spin », le temps s’écoule beaucoup plus rapidement.
Une accélération du temps ahurissante, pour une seconde passée sur terre, il se passe plus de trois ans dans le reste de l’univers. Dès lors, la fin du monde devient inévitable, en l’espace de quelques dizaine d’années le soleil s’embrasera pour mettre fin à l’humanité.

C’est dans ce cadre de fin du monde programmée que tient place l’action du roman. Les trois protagonistes vont osciller entre la quête de rédemption, la recherche du pourquoi et des moyens d’exploiter le phénomène. Les relations entre le narrateur et ses deux amis vont rythmer l’histoire.
Il n’est pas simple de traiter du destin de l’humanité mais la trame de l’histoire est brillante. Malgré le postulat de départ et des hypothèses audacieuses le récit garde le cap d’un certain réalisme.
L’écriture est brillante, fluide et par moment cinématographique. On devine presque le budget colossal en effets spéciaux hollywoodiens.
En près de dix cents pages, Robert Charles Wilson m’a réconcilié avec la science fiction dure et Spin vient de rentrer en bonne position dans le panthéon restreint de mes romans préférés.

20h 12, l’heure de la fin du monde…

A l’heure où les plus fatigués se réveillent enfin. Avec une vilaine migraine en maudissant Sylvestre et sa fête trop arrosée. D’autres voient dans la fin de journée les prémisses d’un retour difficile à la vie active.

Il parait que si l’on résumait l’histoire de la terre à une année, l’ère des hommes ne tiendrait même pas sur une journée. D’ailleurs les mayas sont formels, à 20h 12 le réveil sonne et l’humanité disparait.

Nous voilà donc à la dernière minute avant l’apocalypse. Une minute de plus de trois cents jours, ça en laisse du temps pour célébrer ce cadeau précieux qu’on appelle la vie.

Eclatez-vous, profitez, vivez cette année comme la dernière. Car si le monde s’achève vous partirez sans regrets. Mais surtout, si nous sommes encore là le 31 décembre prochain vous pourrez affirmer que vous avez passé une très bonne année…

Et c’est bien tout ce que je vous souhaite !

Le truc aussi d’entamer une nouvelle année est de prendre des bonnes résolutions pour pouvoir les oublier quelques semaines plus tard. Alors, parmi les choses qu’il faudrait que je réussisse cette année :

  • Partir moins tard du boulot
  • Organiser correctement les vacances
  • Reprendre le sport, mais de manière « régulière »
  • Reprendre l’écriture (tiens par exemple, si je publiais ce billet sur mon blog)
  • Dompter mes nerfs et prendre du recul sur mes angoisses et mes colères

Hop, voilà ces bonnes résolutions affichées en place publique. J’expose ainsi ma vie privée, mais surtout je construis le pilori pour me châtier si je ne les respecte pas.