L'oiseau chanteur a été trop curieux, il s'est posé ici et la toile ne le lâche plus.
Bienvenue sur ma branche . . .
lundi, août 15, 2011
Un oiseau sur les cendres et le sel de Sodome
samedi, juin 18, 2011
Triste bande dessinée pour un un photographe
- J'imaginais me cultiver sur l'époque sombre de la guerre civile espagnole.
- Je me faisais une joie de découvrir la vie et les images de Robert Capa, sacré plus grand photojournaliste de guerre.
- Je vibrais face au destin tragique du couple Capa & Taro.
lundi, mai 16, 2011
Il était une fois Neverwhere...
J’ai bien peur que votre notoriété ne dresse comme un mur entre nous. Tous vos lecteurs, votre fan club, comme il est de bon ton de l’appeler, vous inonde de courriers, tous uniques et pourtant tous semblables.
Je crains que vous ne puissiez trouver le temps de lire cette lettre. Et pourtant, ma missive ne cherche qu’à vous mettre en garde.
Vous tripotez les mythes et les légendes depuis un petit bout de temps. Les jaloux iraient même jusqu’à prétendre que vous en avez fait votre fond de commerce.
Je ne fais pas partie des envieux et j’apprécie sincèrement votre travail, non, je vous écris aujourd’hui pour vous prévenir. Passe encore que l’on chatouille les barbes blanches des vieux décatis de l’Olympe, ils sont tellement sourds qu’ils n’entendent plus rien. Vous pouvez aussi broder sur les rêveurs éternels, ils sont toujours dans les nuages.
Par contre la mythologie urbaine, c’est du sérieux. A force de mettre en lumière les mythes qui souhaitaient rester dans l’ombre, ils en sont venus à vouloir se venger.
Vous avez réédité récemment Neverwhere, cette pittoresque chronique Londonienne. Et vous en avez fâché plus d’un. Un certain marquis, une connaissance commune, ne décolère pas depuis cet affront.
Résumons donc l’affaire. Avec votre plume si savoureuse, vous avez narré l’histoire de Richard Mayhew. Comment cet habitant terne de la ville moderne et polluée de Londres s’est par hasard retrouvé avec une jeune fille mourante dans les bras. Comment sa vie avait basculé. Devenu un fantôme parmi les vivants, il a été contraint de rejoindre le Londres-d-en-bas. Vous en avez profitez pour nous décrire cette terre de légende, invisible au commun des mortels et pourtant si bien entretenue par l’imaginaire collectif.
Vous ne nous avez rien épargné, le marché flottant, Knight bridge, le monastère des moines noirs et même l’Atlantide. Vous nous avez décrit les plus grandes personnalités qui règnent en maître dans ces domaines.
Votre livre est un véritable guide touristique et c’est bien là le fond du problème. Imaginez donc, les gens commencent à parler aux rats, certains guettent la créature sous les quais de métro ou encore attendent le wagon du compte.
Avec tout ça, nos amis ne peuvent être tranquilles. Il finira par y avoir des accidents. Je connais bien le marquis, j’imagine qu’il a trop parlé un soir de beuverie, que votre imagination a comblé les failles de son récit.
Si encore cela avait été mal écrit, mais non, le tout est raconté avec panache, humour et un sens aigu de la tragédie. Au final vous vous êtes fait pas mal d’ennemis, presque autant que de lecteurs.
Heureusement que vous avez mis tout un océan entre vous et votre ancienne patrie. Pour votre sécurité, c’est mieux ! Chasseur a une dent contre vous. Fort heureusement elle est coincée de ce côté de l’Atlantique par sa vilaine blessure à la hanche qui tarde à guérir.
J’ai oui dire que Dame Porte avait épousé en grandes noces ce freluquet soit disant guerrier le 29 avril de cette année 2011. Ils sont tout à leur bonheur et ne pensent pas à vous chercher querelle. Quand aux autres habitants de la Londres-d-en-bas, ils sont bien trop casaniers pour être réellement dangereux.
Mais faites bien attention à vous. Si jamais l’idée vous prend de revenir dans la perfide Albion, ne traînez pas seul tard le soir dans les ruelles désertes, évitez le métro et surtout, surtout, faites attention dans les quartiers trop anciens.
Je vous connais bien, j’ai lu votre bibliographie dans tous les sens. Je me fais bien du souci pour vous. Les mythes prennent également racine sous le soleil de Californie et ce n’est peut-être pas un hasard si vous résidez dans la cité des Angelins. Alors soyez prudent, il serait regrettable que notre époque fataliste et indifférente perde l’un de ses plus grands conteurs.
Bien à vous,
Un petit chaton qui a perdu ses bottes
jeudi, février 10, 2011
Non !
Une fois de plus, j’avais participé à la masse critique en laissant le hasard guider ma sélection. En découvrant dans le petit carton un exemplaire de Tout le monde vous dira non de Hubert Mansion, je me disais que parfois le hasard fait mal les choses. Décidément non, ce livre n’était pas fait pour moi. La faute en revient comme toujours à la quatrième de couverture, à ce petit bout de texte taillé pour décourager l’acheteur potentiel. Le publicitaire en manque d’inspiration prétendait attirer le pigeon en listant les recettes miracles pour réussir dans le monde impitoyable de la musique et du show business.
« There is no business like Show Business »
D’une part l’étendue de ma culture musicale se cantonne à la soupe servie à toute heure sur les radios pop fm pour meubler entre deux pages de pub. Et mes prétentions artistiques sont régulièrement démenties par les séances de torture que j’inflige à ma pauvre guitare. En bref, percer dans le domaine ne faisait pas partie de mes ambitions.
D’autre part, le genre de livres qui décrit comment faire pour réussir m’a toujours paru suspicieux. L’arnaque réussit surtout à enrichir les éditeurs en soulageant le porte monnaie des plus naïfs et des plus crédules.
Un semblant de conscience bénévolo-professionnelle m’a poussé à faire ma part de travail, à lire ce livre pour en faire une critique, fût-elle assassine.
Et puis j’ai lu, j’ai appris, j’ai compris. Notamment que je m’étais trompé sur ce livre. Nulle recette miracle pour faire fortune, la description juste d’un milieu ou les paillettes brillent trop fort.
Ami lecteur, soit prévenu avant d’ouvrir cet ouvrage. Abandonne tes dernières espérances romantiques. Le poète torturé est bel et bien maudit, mais par le poids du fisc et des vautours qui s’engraissent de son talent.
La rencontre entre l’art et l’argent a renvoyé muses sur le trottoir et les pauvres ont intérêt à enchainer les clients, à vider leurs bourses, quel que soit le sens que l’on donne à cette expression.
Car c’est le thème central de l’ouvrage, entre l’artiste et son public, il y a l’argent qui conditionne leurs rapports.
Un troisième invité que l’on cherche à engraisser, au détriment de l’Art.
Tout d’abord l’artiste, trop complexe, trop humain est simplifié par les promoteurs de son art pour en devenir sa propre caricature. Pour l’enfermer bien sagement dans sa petite case, facilement manipulable et vendable par les gourous du marketing.
Car le monde est trop vaste pour un petit chanteur qui n’a pour lui que la puissance modeste de ses cordes vocales. Pour le faire connaitre à son public, il faut qu’une assemblée d’hommes d’affaire grassouillets le cigare aux lèvres investissent un paquet de billets sans âme. Qui a parlé d’art? Non la musique est une chose sérieuse, un placement financier dont on doit calculer avec minutie le retour sur investissement.
Avec l’arrivée massive de ces flux d’argent, et on l’espère la gloire et le succès à la clef, il faut bétonner les contrats. S’il n’y avait pas déjà trop de monde à gérer la carrière de l’artiste, il faut y ajouter quelques avocats pour faire bonne mesure.
S’il existe une étincelle de talent ou d’opportunité rentable. Le manager, l’éditeur, la maison de disque, l’agent, les avocats sauront bien la faire prendre. Au moins pour illuminer la scène d’un feu de paille. Quand aux artistes, qui par définition échappent à ce monde pragmatique et capitaliste, ils ne peuvent pas comprendre. Entre la misère absolue, et la fortune trop vite faite, il ne semble pas y avoir d’intermédiaire. Les rares élus qui se rapprochent du soleil aveuglant de la gloire ne profitent que pour se brûler les ailes et finir endettés à vie sous les créanciers.
Au milieu de tout ça, le livre écrit par l’un de ses innombrables vampires du show business se lit très bien. Le texte est léger, parsemé d’anecdotes croustillantes et brosse une analyse décomplexée du milieu. J’ai appris beaucoup.
Quel dommage que l’on ne parle si peu de musique...