vendredi, août 21, 2009

Un oiseau bleu qui a mal aux yeux


J'avais déjà évoqué mon expérience de l'an passé avec la lecture touristique. Et bien j'ai remis ça.
Il se trouve qu'au tout début de l'été j'ai eu l'occasion d'aller vérifier si la terre était ronde et si les hommes qui se trouvaient à l'autre bout du monde ne marchaient pas à l'envers. Au risque de m'attirer l'ire des jaloux, j'ai effectivement visité les plages blanches encombrées de paisibles cocotiers et me baigner dans les nuances de bleu impressionnistes de la Polynésie Française.
J'avoue qu'à ce moment là, d'autres préoccupations titillaient mon imaginaire que des aventures fantasmées dans le papier. Il y a tellement de choses à faire sur place que la farniente bouquinante ne m'a jamais attrapé.

Du coup, juste un petit livre pour trois semaines de voyages. Un recueil de nouvelles pour ne pas se faire prendre au piège d'une intrigue sur trois cents pages. Des histoires simples pour ne pas ajouter à l'insolation la migraine du lecteur forcené. Et comme il s'agissait de lectures touristiques, je vais vous commenter Le bleu qui fait mal aux yeux de Alex du Prel.

Je ne sais pas si c'est la volonté de l'éditeur ou bien le narcissisme de l'auteur mais on commence par une impressionnante biographie de l'auteur. On y découvre ainsi un aventurier qui a pas mal bourlingué dans sa carrière avant de se mettre à l'écriture pour raconter sa vision de la Polynésie. C'est un fait, le quidam est amoureux de la région, il se veut poète mais ce n'est absolument pas un écrivain. Déjà, sa plume se perd dans les superlatifs pour décrire le paradis sur terre, ça en devient lassant. Mais c'est surtout le fond du discours qui pique aux yeux, gentillet pour ne pas dire complètement niais.

Pour résumer l'intégralité du livre, on se contentera d'un nostalgique "c'était mieux avant". Il semblerait que les polynésiens vivaient une utopie dans les temps anciens, vu l'environnement on peut le comprendre. Et puis les occidentaux sont arrivés et ils ont tout gâché. Ces salopards n'ont absolument pas cherché à comprendre et à respecter le peuple des iles mais ont cherché à imposer leur mode de vie et leurs manières. Société de consommation uniformisée, l'homme blanc qui ne comprends pas et qui détruit ce qu'il touche, bref des lieux communs.
Nos anciennes habitudes colonialistes donnent certes un écho réaliste à ce refrain. Mais dans le thème des méfaits du colonialisme, je préfère de loin la vision d'un Mike Resnick avec son infernale comédie qui donnent une réelle dimension dramatique et entrainent une réflexion vertigineuse. Ici, la profondeur de l'analyse n'est pas au rendez-vous, le discours ne va pas plus loin qu'une glorification passéiste. Alors le même couplet sur une douzaine de nouvelles c'est trop.
C'est dommage car il y a une certaine tendresse dans l'écriture et quelques pages suffisent à nous restituer cette chaleur humaine incomparable qu'on trouve dans les iles du bout du monde.

Malheureusement, une ambiance chaleureuse ne suffit pas ça faire un bon livre. En l'occurrence, ça n'en fait pas un mauvais non plus. Juste un petit truc à lire avant d'aller piquer une tête dans les plus beaux lagons du monde.

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