jeudi, janvier 29, 2009

Des zoulous dans la campagne anglaise et des elfes bleus au milieu du mythe Arthurien...

L'année 2009 débute sous l'épée du grand Damoclès financier. A en croire les prophètes de l'apocalypse notre société s'effondre. Ce n'est pas forcément un mal si un nouveau monde plus juste peu en renaitre. Qu'importe, ce n'est pas très réjouissant alors pour se distraire un peu les neurones, je suis retourné à une littérature plus légère. Une vraie vague rafraichissante après Francis Scott Fitzegerald et Truman Capote. Au programme du mois de janvier, une uchronie dans l'Angleterre victorienne et le mariage du mythe Arthurien avec la fantaisie de Tolkien. Malheureusement, deux déceptions.

Le premier livre qui m'aura accompagné, c'était Zoulou Kingdom de Christophe Lambert. Non, il ne s'agit pas de l'acteur passablement médiocre mais d'un auteur de science fiction pour la jeunesse. Il s'essaye ici à la littérature pour adultes avec l'histoire extravagante d'une tribu de Zoulous venus envahir l'Angleterre victorienne. Il en profite pour faire intervenir en guest stars les célébrités de cette époque formidable, on y trouve bien sûr la reine Victoria, mais aussi Karl Marx, Elephant Man, le jeune H.G Wells et beaucoup d'autres.
Si l'idée était brillante, malheureusement la réalisation ne suit pas. A vrai dire elle traine un peu derrière, elle a comme loupé le train.
Déjà le style m'a rapidement énervé. Visiblement l'écrivain garde des séquelle de ses travaux à destination de la jeunesse. Peut-être aussi qu'il profite sadiquement de se venger de son impressionnant travail documentaire. Tout est qu'il se croit obligé de distiller son savoir sur l'Angleterre victorienne et la révolution industrielle au fil des pages. Il ne le fait pas de manière subtile discrète et pédagogue, au contraire il chausse ses gros sabots du genre "Il faut savoir qu'à cette époque, les gens étaient très pauvres. Très malheureux, ils n'avaient même pas la télévision.".
Sur le fond et la construction même de son livre, le romancier tisse des fils un peu trop gros et paradoxalement usés jusqu'à la corde, le résultat est une tapisserie médiocre et dépourvue d'intérêt. Le plus flagrant concerne l'intégration des personnages connus. Souvent ils apparaissent grâce à des prétextes malheureux et grossiers. Une recette pour faire intervenir Karl Marx, donner l'ambition de syndicaliste à un personnage, qui ne servira qu'à cela. En ce qui concerne le destin des protagonistes anonymes et principaux, il est souvent dénué d'originalité comme cette fille de bonne famille qui se fait engrosser par un docker, ce policier taciturne et désabusé, cet archétype d'aventurier revenu de l'Afrique.
Il est encore plus triste de constater que les personnages les plus originaux ne sont pas du tout exploités. Comme cette reine Zouloue qui aura lié une relation étrange avec l'aventurier évoqué au dessus. On ne saura jamais quel était le lien qui les unissait et elle finira par mourir assez bêtement. Dès que l'auteur trouve un thème porteur, il s'en détourne pour revenir à son sport favori, décrire l'invasion d'une bande de sauvages au milieu de la civilisation. Même le fondement de l'intrique, à savoir comment les Zoulous ont pu se retrouver au milieu de l'Angleterre grâce à l'intervention de Jack l'éventreur paraît pitoyable. On est pressés d'être libéré par la dernière page. Mais la fin aussi est ratée. Un deux ex machina grossier qui libère la ville juste avant qu'elle ne s'effondre. Je ne parlerais même pas des multiples incohérences qui parsèment le récit.
Le livre n'est pas si mauvais, le style est rapide et fluide, quoique irrégulier. De plus, c'est rare mais les notes de l'auteur figurent dans le livre, il détaille ses inspirations et sa bibliographie. De fait c'est probablement le chapitre le plus intéressant. Je garde une certaine rancune envers Christophe Lambert pour avoir ainsi gâché le filon. Au lieu d'un petit livre bâclé de 300 pages il aurait pu débuter une saga fabuleuse.

Deuxième livre, on change d'époque. Déjà ce n'est pas un livre mais trois, une trilogie ré-éditée en poche. Ca ressemble à une affaire mais ce n'est qu'un piège, je gage que si j'avais acheté le premier volume je n'aurais pas continué. Pourtant c'était alléchant, plus de milles pages pour se replonger dans les légendes de la Bretagne des temps anciens, les aventures d'Uter Pendragon le papa du roi Arthur, l'épée Excalibur, l'ile d'Avalon. Une revisite du mythe Arthurien avec des elfes, des nains et des monstres dans la plus pure tradition médiévale fantastique. Décidément, avec sa Trilogie des Elfes, Fetijaine avait bien placé son appât, je me suis fait avoir.
Sur les terres de Bretagne, dix ans après les guerres terribles contres les armées des monstres, les races libres des elfes, des nains et des hommes maintiennent la paix par dans une alliance fragile. Mais un jour, un vieux seigneur nain convoque le grand conseil, un elfe s'est introduit dans le grand royaume de la montagne noire pour voler et assassiner le roi.
Au final, je n'ai pas grand chose à dire sur ce livre. Ce n'était pas suffisamment mauvais pour en devenir remarquable. Ce n'était pas suffisamment mal écrit pour que j'abandonne la lecture. C'est juste un gros pavé que l'on est pressé de finir.
Peut être parce que le mécanisme d'identification ne marche pas très bien. Les personnages vivent et meurent tranquillement sur leurs pages de papier sans parvenir à émouvoir le lecteur. Les temps sont rudes, la mort est fréquente alors rapidement on arrive à une conclusion désabusée, un de plus, un de moins, quelle importance. Les temps sont rudes toujours et puis les trois principales races de ce monde, les humains, les hommes et les elfes se haïssent et ne maintiennent qu'une paix fragile qui volera en éclat dans la première partie. Alors forcément, si les personnages se haïssent, ils ne se parlent pas beaucoup, on a du mal à se faire une place dans leur groupe tant il apparaît comme malsain. C'est d'autant plus bizarre que dans l'histoire, on se trouve souvent confronté à des bandes de héros qui partent à l'aventure. On était habitué à de la coopération et de l'entraide dans les récits fantastiques, là pas du tout, ils s'espionnent sans cesse et n'attendent que l'occasion de se sauter à la gorge.
Se sauter à la gorge, ils le font très souvent d'ailleurs avec la plupart du temps des conséquences funestes. Machin m'a manqué de respect ? Alors je le tue. Machin a révélé que ce n'était pas un page mais le prince de sa nation, alors j'essaie de le tuer, machin veux pas me rendre mon épée magique alors j'essaie de le tuer. Ils étaient sacrément susceptibles à cette époque là. De fait le ressort dramatique principal du roman est amené par des brouilles ridicules entre les personnages. Ça fait léger quand on veux peindre une fresque épique. Et même à la fin lorsque le grand méchant, chef de tous les monstres arrive pour anéantir tout le royaume on est confronté à ces comportement puériles et pitoyables.
Enfin bref cette histoire d'elfes bleus ne m'aurait pas vraiment fait vibrer.