samedi, octobre 18, 2008

Vol au dessus d'un nid de coucou

J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de Denis Lehanne, cet auteur Bostonien que j'avais découvert pendant mes récentes pérégrinations américaines. J'avais également dis qu'il me faudrait peu de temps avant d'y revenir. Et voilà c'est fait. J'ai acheté Shutter Island car cela me démangeait trop. Et encore une fois j'ai passé un très bon moment. Il m'a fallu moins de trois jours pour venir à bout de ce roman.
Il faut dire que la quatrième de couverture est alléchante. Deux marshalls fédéraux se rendent à la fin des années cinquante sur l'ile de Shutter Island dans la baie de Boston. Leur mission, retrouver une patiente qui s'est enfuie de l'hôpital psychiatrique. Mais sur une ile, elle ne peut pas aller bien loin, si ? L'affaire se corse lorsqu'un ouragan arrive sur l'île, que l'électricité disparaît tombe et que les malades mentaux criminels et dangereux s'enfuient. L'enquête mènera les deux marshalls très loin dans le labyrinthe de la folie.
Changement de style radical par rapport à un dernier verre avant la guerre. Terminé la politique et le racisme. Terminé les luttes de pouvoirs et les sévices sexuels. On perd l'ironie et le cynisme, mais on trouve une histoire teintée de mystères et de peurs. L'écriture change aussi un peu, le style flamboyant disparaît au profit d'un style plus simple plus vivant et plus tourné vers l'action.
Au final, même si de mon point de vue ce livre n'est pas aussi bluffant que le dernier verre. Il se laisse lire et même mieux que ça, il entre au panthéon des très bon livres.
Je ne peux pas en dire grand chose de plus sous peine de révéler les secrets. La seule chose, assez rare c'est que je me suis moi même fait piéger et c'est toujours un délice de se faire surprendre par un écrivain.

Un oiseau des iles

jeudi, octobre 16, 2008

New York brûle-t-il ?

Octobre 2008, la réalité rattrape et dépasse la fiction. L'économie mondiale anéantie par des années de spéculation et de vie à crédit. C'est bien tout le problème avec les crédits, il faut un jour les payer. Nous vivons des jours sombres qui montrent bien le danger d'une fuite en avant éternelle. On sent qu'avec la crise américaine, l'histoire tremble. Peut-être qu'une nouvelle page va se tourner. Ou peut être que les harpies d'un capitalisme abrutissant trouveront une autre solution pour endormir la population pour encore quelques années. Je ne suis pas devin, encore moins économiste et les hautes sphères de la finance internationale m'échappent. Je ne me hasarderais donc pas à établir un pronostic. Je me contenterais de parler du livre que j'ai lu à mon retour des amériques. Le bûcher des vanités présente une analogie troublante avec la situation actuelle.

Bien sur l'échelle du livre se veut plus restreinte, c'est la déchéance d'un homme qui s'étale pendant près de milles pages. C'est aussi sa chute du firmament de Wall Street, des salons dorés ou les maîtres manipulent les puissants leviers qui font tourner le monde. Aujourd'hui il semblerait que ces maîtres du monde se retourne piteusement vers l'illusion honnie de l'état providence. Le gouvernement fera tout pour les sauver, ces braves financiers quitte à sacrifier un peu plus l'avenir du peuple. Dans ce beau pays de la liberté ou les gens sont libres de travailler au fast food passé soixante dix ans, ou les rues sont un toit normal pour les misérables, ou les mères de famille sont obligées de cumuler les emplois sous payés pour pouvoir survivre.
Enfin bref, ce n'est pas vraiment l'objet de mes propos. Dans le bûcher des vanités, Tom Wolfe ne nous expose pas seulement la fragilité du capitalisme derrière son armure d'orgueil. Il détaille les rouages du pouvoirs. Pas seulement le pouvoir superficiel qui émane de la célébrité et du luxe. Ce monde de l'illusion dans lequel baigne le protagoniste principal du roman. Le financier arriviste et talentueux de Wall Street va découvrir un autre pouvoir qui va le détruire. Un soir alors qu'il ramenait sa ravissante maîtresse chez lui, il va se tromper de route et se retrouver par malchance dans les quartiers malfamés du Bronx. Luttant pour s'enfuir d'un guet-apens, il va par mégarde écraser un noir. C'est alors que les rouages du pouvoir vont se mettre à le broyer. Les luttes d'influence terribles entre la communauté noire qui saisit le prétexte du racisme pour accuser une certaine justice blanche réputée aveugle, sauf quand il s'agit de protéger les siens. Justice qui pour se dédouaner et arranger les visées électorales ou amoureuses de ses personnels va mettre un excès de zèle à trouver l'homme de Wall Street et à briser ce symbole de l'intouchable. Entre les deux, le troisième pouvoir de la presse distribue les cartes et séduit ou punis ses favoris.
En bref, c'est une oeuvre majeure que ce bûcher des vanités qui brûle consciencieusement tous les miroirs et artifices de la coquetterie pour montrer une vérité crue et douloureuse. Bien sûr le livre n'est pas exempt de défauts, notamment avec la manie de l'auteur qui cherche à restituer phonétiquement tous les bruits où même les accents des personnes. Bien sûr certains aspects psychologiques des personnages ne sont pas crédibles, bien sûr certaines allégories sont trop longues. Mais malgré tout et malgré sa longueur le livre se dévore d'une seule traite.
Derrière ce monument, on découvre les facettes de la vie New Yorkaise dans toutes leurs complexités et leurs artifices.
C'est l'une des meilleures surprises de l'année pour moi. Avec la découverte de Dennis Lehane comme auteur de chevet. Je recommande plus que chaleureusement pour ceux qui veulent découvrir la culture américaine, sulfureuse et facinante.

Un oiseau perché à Central Park