dimanche, mars 23, 2008

Des trains et des pages...

Encore une petite revue de lecture, motivée par mon temps passé dans les transports. Il faut dire que ma conscience écologique secondée par des préoccupations bassement financières m'ont fait préférer le train à la voiture. Comme le trajet pour me rendre au travail et en revenir me prend plus de deux heures tous les jours, j'ai largement le temps d'assouvir ma soif de lecture.

Mon premier compagnon de train, ce fût un livre acheté au hasard de mes pérégrinations consommatrice dans ces temples de la culture des masses, sous le soleil des néons déprimants. L'ouvrage s'appelle l'Ombre du vent et son auteur espagnol, un certain Carlos Ruiz Zafón m'était jusqu'alors inconnu.
Dans ce livre, c'est la couverture en tête de gondole qui a tout d'abord attiré mon regard. Une magnifique photo en sépia au grain prononcé qui représente un homme et un jeune garçon qui s'avancent le long d'une avenue déserte. Attiré comme un papillon par la lumière, je regarde la quatrième de couverture et me voilà conquis. On nous présente l'histoire d'un petit garçon qui découvre un lieu mystérieux, le Cimetière des Livres Oubliés. Dans cette bibliothèque des livres à l'index, il y découvre et adopte un ouvrage, l'Ombre du vent. Et toute sa vie se verra chamboulée par cette lecture.
J'ai véritablement été subjugué par ce livre qui nous raconte le passage de l'enfant vers la vie d'adulte et ses aventures dans le Barcelone d'après guerre. Une histoire captivante autour du personnage mystérieux de Julian Carax, l'auteur de l'Ombre du vent dont le narrateur essaye de comprendre le destin et les secrets. L'écriture est admirable, simple et élégante, innovante et efficace. Dans ce livre on parle beaucoup de littérature ce qui m'attire toujours, mais on retrouve aussi le suspense d'un bon polar. Même le côté romantique m'a séduit, les passions se nouent, les coeurs se brisent tandis que le danger guette à chaque instant.
Après mes précédentes lectures médiocres ou tout juste passables, j'ai découvert ce livre par hasard. Sans être une révélation, c'est un véritable bijou. D'ailleurs je le conseille chaudement.

Ce n'est pas le cas du deuxième livre dont je vais parler. Cela fait bien longtemps que je cherchais à lire le cycle de La roue du temps de Robert Jordan. Je la cherchais sans grande conviction il faut le reconnaître, mais j'ai finit par le trouver. J'ai donc acheté le premier tome et je l'ai lu, quelle déception.
Je ne m'explique vraiment pas le succès qu'a pu avoir l'auteur. Tout d'abord c'est très mal écrit ou bien mal traduit, certainement un mélange des deux. Les quelques fulgurances de style sont prétentieuses et incongrues au milieu de la fange littéraire. Mais plus grave encore que d'être mal écrit, le principal défaut de ce livre est de ne pas savoir raconter une histoire.
Ou plus exactement de ne pas être capable d'inventer une histoire nouvelle. J'ai eu en le lisant la désagréable impression de retrouver uns seigneur des anneaux plagié par un tâcheron médiocre.
Dans cette histoire on retrouve tous les poncifs de la littérature fantastique. Le démarrage sur les chapeaux de roues par un danger tout autant mortel qu'imprévu qui s'abat pile poil sur la tête de nos futurs héros. Parlons en de ces 'héros', comme d'habitude ce sont des jeunes gens au sortir de l'adolescence, chapeautés par des personnages hauts en couleurs. Le tout forme l'équipe habituelle ou tout le monde est exceptionnel et complémentaire. On dirait une équipe de de jeux de rôle, hop un guerrier, une magicienne, un troubadour aux talents de voleur, une prêtresse et nos fameux gamins. Ces gamins touchés par une prophétie qui annonce la fin du monde. Bien entendu, la prophétie raconte aussi des histoires de héros à venir aux pouvoirs extraordinaires qui sont le seul rempart contre les ténèbres. Le voyage qu'accompliront ces enfants au bout du monde sera leur rite de passage vers l'âge adulte, vous l'avez bien deviné, ce sont effectivement les gamins qui doivent sauver le monde. Là dedans, on retrouve les habituelles auberges avec leurs taverniers bonhomme et courageux, les traîtres et leurs trahisons dramatiques, et enfin les armées du mal qui traquent notre équipe. Encore quelques poignées de lieux de légendes, de séparation dramatique du groupe et quelques inspirations mythologie et voilà. Vous avez la Roue du temps de Robert Jordan.
Heureusement que de tels livrent existent, ils ont au moins le mérite de donner du contraste et de faire briller la bonne littérature.

D'ailleurs j'y arrive. Comme je garde le meilleur pour la fin, je vais maintenant vous parler de L'élégance du Hérisson de Muriel Barbery. Encore un achat fait au hasard, décidément le hasard a bien fait les choses avec cette sélection.
Ce genre d'ouvrage me fait d'habitude fuir. Vous savez ce dont je veux parler. Mais si, à partir de la rentrée c'est toujours le même cirque. Renaudot, Goncourt et autres Fémina qui paradent. On les reconnaît facilement dans les librairies. Tout d'abord car comme ils ont été couronnés, ils trônent véritablement sur le devant de la scène. L'uniformité de toutes ces couvertures beiges ou blanches d'une rare sobriété brisée invariablement par une banderole rouge pour annoncer triomphalement le nom du prix que le livre arbore.
Contrairement à mon habitude, j'ai donc acheté l'un de ces ouvrages, l'élégance du Hérisson, prix des libraires 2007.
Et je n'ai vraiment pas été déçu. Le thème de l'histoire pourrait paraître banal à première vue. Les destins croisés d'une concierge et d'une jeune adolescente, fille de bonne famille qui habitent le même immeuble. Mais ça devient intéressant à partir du moment ou l'on réalise que ladite concierge est dotée d'une érudition rare et se cache pour assouvir sa soif de culture. Tandis que la fillette est une surdouée qui face à la vacuité du monde dans lequel elle doit grandir prend la décision de se suicider le jour de ses treize ans.
Ca parle de littérature, de culture en général et présente d'intéressantes réflexions sur la philosophie la société ou la beauté.
Ce livre était un régal, agréable à lire, qui amène à réfléchir sur le monde. L'un de ses bouquins dont on sort grandi.

vendredi, mars 07, 2008

Un oiseau Grenoblois...

On la surnomme la capitale des Alpes. C'est vrai que pour la France il n'y a guère qu'Annecy qui pourrait rivaliser à ce titre. Si la ville est très agréable à vivre et économiquement très active, elle est surtout merveilleuse pour stimuler l'imaginaire. Voici donc mon petit carnet de notes au cas où j'écririais un jour une histoire basée à Grenoble.

Derrière la carte postale fameuse qui présente le téléphérique avec ses petites cabines rondes, les oeufs comme les surnomment les Grenoblois, aux abords de l'isère qui s'écoule indolente, sous la vieille cathédrale notre dame et dans les montagnes enneigées bien des secrets, des passions et des conflits couvent.

Tout d'abord il y a les gens. Après avoir vécu une grande partie de ma vie en région parisienne ou à proximité des grands centres universitaires, c'est à Grenoble que j'ai découvert le sens du mot cosmopolite. Dans cette ville on croise les ethnies, les peuples et les communautés les plus diverses. Un détour dans n'importe quelle grande surface permet de s'en rendre compte. Je ne pourrais jamais terminer une liste de toutes les nationalités que j'ai pu apprendre à connaître en quelques années. On peut cependant remarquer que l'une des communautés les plus importantes est celles des Italiens et des Siciliens, mais j'y reviendrais plus tard. Malgré une certaine froideur au premier abord et la haine ordinaire pour tous ces 'étrangers', les pauvres du sud de la ville qui viennent piquer le travail aux braves Français, mais aussi les riches dans la vallée du Grésivaudan qui font monter les prix. La plus large part de la population est jeune et ouverte d'esprit. A bien y réfléchir les purs Grenoblois installés dans la région depuis plus de deux générations que je connais se comptent sur les doigts d'une main. Grenoble, une ville de passage et de mélange par excellence.

Géographiquement, la ville se compose comme cela.
Au nord on trouve les quais de l'Isère, une bande étroite de terre entre l'eau et la montagne surplombée par la forteresse de la Bastille. Cette zone interpelle le visiteur de passage car le long de la petite route, les pizzerias sont accolées les unes aux autres. Je ne les ai jamais comptées mais on dépasse facilement la dizaine, amassées au même endroit. Elles sont pour la plupart ouvertes tous les soirs, mais la cuisine est médiocre. Apparemment il existe d'autres raisons qui justifient leur présence, de là à envisager un scénario maffieux de blanchiment d'argent il n'y a qu'un pas, facile à franchir. Surtout qu'une dizaine d'années plus tôt, la ville était tristement célèbre pour ses règlements de compte en pleine rue. Une copine a même assisté à une fusillade juste sous ses fenêtres.
Comme je l'ai déjà dit, il y avait beaucoup d'Italiens en ville. Je me souviens notamment d'une soirée très sympathique au milieu d'une assemblée de Siciliens, entre les guitares, les chants et les éclats de voix, je me serais cru dans un film. On célébrait les trente ans d'une amie et les moeurs de la famille traditionaliste et religieuse m'ont impressionné. La fille en question, mariée avec un enfant fréquentait plus qu'assidûment l'église. Quand à ses deux soeurs, dévôtes elles aussi, célibataires et dotées d'un physique à se damner se réservaient pour le mariage (moi qui croyait que ce genre de chose n'existait encore que dans les livres). Bon techniquement vu que ces braves gens étaient de confession protestante, cela exclue de facto une quelconque appartenance à l'honorable société. Il n'empêche que cela stimule l'imaginaire.

Le sud de la ville coincé le long de la rocade présente les anciens quartiers olympiques ou la plupart des immeubles ont été recyclés à la va vite pour fabriquer à tour de bras du logement social avec les résultats déplorables de ghetto que l'ont imagine. Des bandes violentes se sont créées, comme les événements de l'an passé l'ont encore prouvé. Il est presque souhaitable que le grand banditisme persiste en ville, cela tempère les ardeurs. On trouve par la bas de véritables zones franches, des rues où l'ont craint de s'aventurer même en plein jour. Des rues ou des bâtisses sont écroulées sur l'asphalte de la route, ou les débris de voitures brûlées restent sans que personne ne se préoccupe de les enlever. Ce genre d'endroits ou personne ne vous entendra crier.
Si l'on descend encore un peu vers le sud (la fameuse route Napoléon qui mène à Gap, Sisteron) on arrive dans les usines chimiques de Pont-de-Claix qui défigurent le paysage mais aussi produisent du Chlore, de la Javel et autres joyeusetés (vous voulez du phosgène par exemple, y en a aussi). Le plus drôle là dedans c'est qu'il y a de nombreux merdoduc non protégés et pas vraiment entretenus pour transporter ces substances hautement toxiques sur des kilomètres. Les explosions et autres accidents plus ou moins graves sont monnaie courante dans le coin. Enfin bref, à côté du sud de Grenoble, AZF fait figure de dînette pour enfants.

A l'ouest de la ville (sur la route qui vient de Lyon), coincée entre le le Drac et l'Isère on trouve la fameuse zone de recherche Minalogic sur les nanotechnologies, les biotechnologies et les technologies pour la santé à la pointe de la recherche mondiale. En survolant la ville, on remarque bien le site grâce à son accélérateur de particules, le synchrotron et son anneau caractéristique. Le commissariat à l'énergie atomique a entrepris cette reconversion de la recherche vers les nanotechs et la santé que très récemment. Il y avait dans le parc six installation nucléaire de base (INB) qui ont commencé leur démantèlement depuis 2006 seulement (le site doit être assaini pour 2012). Pour alimenter encore un peu les inquiétudes scientifiques, on trouve aussi à Grenoble une partie du laboratoire P4 de Lyon (ce labo chargé de travailler sur les virus les plus dangereux de la planète).

A l'est de Grenoble, on change d'univers. D'un côté de l'Isère, le campus universitaire et la ville communiste de Saint Martin d'Hères (seconde ville du département). De l'autre côté se trouvent les quartiers riches, l'immense centre hospitalier universitaire et adossées à la Chartreuse, les demeures des nantis. On trouve aussi la plupart des acteurs majeurs de la recherche sur les nouvelles technologies de l'information dans ce début de la vallée du Grésivaudan (vallée qui file vers Chambery et Albertville). On surnomme d'ailleurs cette zone la Silicon Valley Française. Tel la marée, l'économie monte et descend dictant notamment les différentes folies spéculatives (bulle immobilière par exemple, marché de l'emploi, salaires). Une récession aurait des conséquences désastreuses sur toute l'économie de la région.

Le centre ville, je ne m'y attarderais pas trop. Il faut le dire tout net, la ville est assez laide. Mais les très nombreux parcs et squares permettent d'y vivre très agréablement. Sans compter que comme le disait Stendhal, au bout de chaquee rue, une montagne. Parlons-en des montagnes, car elles sont remarquables. En à peine quinze kilomètres autour de la ville les routes s'arrête et la nature redevient sauvage. A l'ouest, on trouve les Hauts plateaux du Vercors, terres rocailleuses et arides, ses gorges 'profondes', ces glaciers souterrains et ses grottes. Haut lieu de la résistance, berceau de l'alpinisme et de l'escalade ou plus récemment lieu du barbecue de l'ordre du temple solaire. Au nord, la Chartreuse, massif verdoyant et bucolique qui à donné son nom à l'ordre des pères Chartreux (et accessoirement au digestif fabriqué par lesdits curetons). Au sud est, on trouve Belledonne, un massif au caractère alpin plus marqué, les sommets atteignent presque les trois milles mètres. On y trouve des glaciers et et des lacs d'altitude. Il existe bien des fameuses légendes sur les lacs du Dauphiné. Je pourrais évoquer notamment du fameux lac noir et de son îlot central qui émerge les années de sécheresse. Quiconque pose le regard sur cette île perd la vue selon le mythe. J'y ai notamment fait une ballade dans l'été 2003, je n'ai pas vu d'îlot.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur Grenoble, mais mes idées s'emmêlent. Je vais donc terminer par une liste à la Prévert de petites choses qui ont marqué mon imaginaire comme source d'histoires...

On m'a prétendu un jour que Grenoble était une ville soumise aux sept risques majeurs. Je serais incapable de dire ce que ça veux dire mais c'est vrai qu'à y réfléchir la catastrophe menace. C'est une zone sismique. La configuration des vallées permet d'y créer des tempêtes violentes. J'ai évoqué à mi mot les risques liés au nucléaire, à l'activité biologique ou aux accidents chimiques. Mais il y a aussi le risque d'inondation, Grenoble étant une ville remarquablement plate et de basse altitude elle est entièrement en zone inondable (les crues de l'Isère ou bien les nombreux barrages hydroélectriques pourraient mener au drame). Bien entendu la région montagneuse est régulièrement sujette aux éboulements et autres coulées de boue. Et bien sûr il y a la pollution. La ville est dans une cuvette, les usines rejettent pas mal et Grenoble représente un carrefour naturel. L'été, les conditions anticycloniques favorisent les couches d'inversion à basse altitude et au dessus de la ville se dessine une sorte de smog, particulièrement visible en montagne. La ville est donc polluée, c'est vrai. Une légende urbaine la présente comme l'une des plus polluée d'Europe, c'est faux (tout ceux qui seront par exemple allés à Athènes peuvent le démentir). L'anecdote veut que ce fût l'une des premières villes à voir son niveau de pollution observé par des capteurs. Parmi l'échantillon des trente villes observées à l'époque, c'était vrai et cette sinistre réputation lui est restée.

Il fait très chaud l'hiver et très froid l'hiver. L'été, c'est proprement invivable (c'est l'époque ou l'on est content de retrouver la fraîcheur climatisée des bureau en allant au boulot). Le temps varie de manière très brusque. L'avantage c'est qu'il fait le plus souvent beau dans la région (sans compter le nuage de pollution au dessus de la ville bien sûr).

Grenoble était encore il y a peu une position stratégique comme l'atteste les nombreux forts abandonnées qui protégeaient la ville (dédales de couloirs obscurs taillés dans la pierre pour l'immense fort de la Bastille, le fort du St Eynard, etc.) La présence militaire dans la région reste encore assez forte. Armées de terre et de l'air principalement.

On pourrait se pencher sur l'histoire de la ville, mais j'avoue ma profonde inculture en la matière. Mis à part bien sûr l'invention de la manif le 7 juin 1788 (si de nos jours on cherche la plage sous les pavés, à cette époque là les CRS recevaient des tuiles, ça doit faire mal aussi) avec le résultat que l'on sait. L'église et la crypte Saint Laurent (vestiges archéologiques des rites funéraires datant de l'antiquité, église carolingienne et cie) est l'un des premier monuments historiques classé. Sous la cathédrale notre-dame, on trouve les restes de l'ancien palais des évêques et d'un baptistère du début de l'ère chrétienne. On trouve aussi des marques des anciens remparts de la ville romaine, des vestiges de la bourgade gauloise de Cularo. Bien d'autres secrets sont enfouis dans les dédales des rues du centre ville. Je me souviens notamment avoir aperçu en ville une tour carrée moyenâgeuse, mais une fois en ville j'ai constaté que cette tour était à peine visible de la rue et impossible à atteindre car au milieu d'un paté de maison dense et infranchissable(étrange pour un monument historique).
Si un historien passe par ici, j'aimerais bien qu'il m'éclaire sur les rapports entre le dauphin et la ville. C'est l'emblème de la région (le "dauphiné" vient de là) et de Grenoble. C'est de là que vient aussi que vient le titre des anciens seigneurs de la région et la désignation habituelle de l'héritier du trône. Pourtant on ne peut pas dire qu'il y a beaucoup de dauphins dans l'isère, le drac ou bien les lacs de montagnes.

Je pourrais aussi évoquer les rapports qu'entretient la jeunesse avec les substances psychotropes. C'est amusant de constater lorsque l'on s'écarte un peu des sentiers battus en montagne de trouver des plans de chanvre indien pousser de manière plus ou moins domestiquée. Ou encore ces hordes d'étudiants barbus et chevelus qui trouvent que l'automne est une bonne saison pour les champignons, surtout le genre des psilocybes très courants dans Belledonne.

Enfin bon bref, je me fait long. Il est temps de conclure. Même si je n'ai jamais eu le temps de maitriser un tel scénario, Grenoble est à mon avis un bon cadre pour des aventures contemporaines. Maffieux, sombres secrets et rituels homicides, survival horror et catastrophes plus ou moins préméditées vous attendent.

jeudi, mars 06, 2008

L'écologie et la politique

La politique, c'est bien compliqué pour ma cervelle de moineau. Depuis pas mal de temps je me pose cette question de pourquoi l'écologie se trouve à gauche (peut être depuis l'époque de cette "gauche plurielle") et je n'ai toujours pas compris.
Parce que cette considération sociétale me semble indépendante du bord politique.

Et pour me la jouer dédé au bar pmu du coin, j'ai une question encore plus bête. Je me demande "C'est quoi la gauche ? C'est quoi la droite ? De toute façon y sont tous pareil, tous pourris !" (je précise, si besoin est, que la troisième partie de ma proposition est uniquement à attribuer à dédé, pas à moi)

Sans aucune ironie, je me demande quelle est la différence entre ces deux bords politiques (Accessoirement, j'aimerais qu'on m'explique aussi pour le centre parce que là, ça fume dans ma petite tête).
La différence historique je la connais, révolution française et tout le tralala, c'est bon, j'ai été au collège. Pour mémoire et pour ceux pour qui les souvenirs du collège sont lointains, les premières heures de la révolution constituèrent une assemblée de députés choisis dans les trois ordres traditionnels, la noblesse, le clergé et le tiers état. La réunion de ces députés pour faire les fameux états généraux sensés résoudre les problèmes que rencontrait le pays. L'Assemblée nationale ainsi nommée au moment des premières discussions constitutionnelles se divisait ainsi, les opposants au droit de veto royal se regroupaient à gauche de l'hémicycle, tandis que les partisans du pouvoir royal en formaient l'aile droite.
Mais revenons à nos concepts politiques. Enfoncer des lieux communs du genre conservatisme vs progressisme, libéralisme vs social, interventionnisme vs libre entreprise, collectivisme vs capitalisme, etc. Je saurais faire.

Mais ça ne répond pas vraiment à ma question. Pour moi dans toute démocratie le but visé (ou qui devrait être visé) c'est le bien de la population dans son ensemble. Qu'on soit de droite ou de gauche à mon avis, pour arriver à ce but on essaie de proposer des idées (nouvelles ou pas) et d'appliquer des recettes. Mais qu'est ce qui empêche quelqu'un de droite d'appliquer des recettes traditionnelles de gauche, comme par exemple construire des logements sociaux. Qu'est ce qui empêche quelqu'un de gauche de faire l'inverse par exemple en favorisant l'esprit d'entreprise pour créer de l'emploi.

Je précise (mais les lecteurs l'auront compris depuis longtemps) que j'ai autant de sensibilité politique qu'une tartine de confiture. Si je me définis et me présente comme plutôt orienté à gauche c'est souvent parce que ça me parle de mettre l'humain en avant dans les discours de com' et que souvent les 'gauchos' sont plus rigolos que les autres (le corollaire de ça c'est que je trouve pas mal de gens 'de droite' pas marrants voir même inquiétants dans certaines de leurs idées ou méthodes).
J'aimerais vraiment avoir une définition simple et concise de ça : La gauche c'est quoi ? La droite, c'est quoi ?

La question subsidiaire qui me turlupine aussi, c'est quoi l'intérêt de créer et/où d'adhérer à un parti politique ?
Est ce qu'un parti, ça ne serait pas une uniformisation dangereuse (nivellement par le bas) des idées ? Pour que les débats d'idée soient vraiment intéressants, ne faudrait il pas qu'ils incorporent plusieurs partis ? Quand on parle de "dirigeant", chez moi ça évoque "entreprise", voir même "patron" et c'est pas mal contraire à la possibilité de défendre une idéologie (si un parti ne sert qu'à grossir, attirer/enrôler des membres ça le fait moyen. Surtout si ça passe dans un budget de com' énorme).

Lorsque j'ai débattu en place publique de ces idées. Personne n'a vraiment su m'éclairer sur la définition des bords politiques. Et au sujet des partis, il semblerait qu'un certain Karl Schmitt c'est posé les mêmes questions il y une centaine d'années. Il l'exprimait beaucoup mieux, mais son idée c'était que par le jeu des partis politique, tout vote d'une assemblée de parlementaires n'était qu'une question mathématique. Si parti X a n membres et que parti Y à moins de membres, ce n'est même plus la peine de voter car X remportera systématiquement la majorité des voix. Mais l'histoire a prouvé heureusement que les parlementaires ne respectaient pas toujours les consignes qui leur étaient données. Et l'argument massue qui revient systématiquement pour justifier l'existence des partis c'est que l'union fait la force pour défendre les idées.

J'avoue que je reste septique...

lundi, mars 03, 2008

Spleen d'hiver, un voyage au bout de la nuit

Une fois n'est pas coutume, je vais faire une petite revue de mes dernières lectures car ce journal presque intime semble être le réceptacle idéal pour cela.

Je vais donc vous raconter l'un de mes voyages, un voyage au bout de la nuit, rarement un livre n'a autant mérité son titre. L'année 2007 était sur le point de s'achever. Nous étions perdus dans un aéroport à l'autre bout du monde à attendre un avion qui ne venait pas. Les heures s'égrenaient lentement dans l'ennui et l'inconfort. Il était minuit dans la métropole comme l'attestait la gigantesque horloge murale. Là bas, la nouvelle année avait dû commencer dans la musique et la fête. Puis minuit a continué sa route le long de l'atlantique pour arriver jusqu'à nous. L'aéroport n'était pas désert, mais toute activité l'avait déserté. Seuls les passagers du vol pour Paris hantaient encore les lieux tels les réfugiés misérables et désemparés d'une guerre civile. Puis minuit nous a dépassé pour aller se fêter dans les Amériques, tandis que nous attendions toujours, rendu ivres de fatigues par la nuit blanche et les affres du décalage horaire. Ce fût l'une des nuits les plus longues de ma vie. Quel étrange coïncidence d'avoir commencé à ce moment là la lecture du voyage au bout de la nuit de Céline.
La réputation sulfureuse de l'auteur précède l'ouvrage, mais la curiosité me poussait à découvrir ce pilier de la littérature Française. Je ne m'attarderais pas à présenter l'histoire. Il s'agit des tribulations malheureuse d'un jeune homme au début du siècle, des horreurs de la grande guerre à la découverte de l'Afrique. Du voyage en Amérique à son retour en France. Cette histoire présente des points de ressemblance troublant avec la propre histoire et les pérégrinations de l'auteur.
Enfin bref ce n'est pas vraiment l'histoire qui développe tout l'intérêt du livre. L'intérêt ce trouve dans la manière d'écrire. Céline a véritablement inventé un style d'écriture, plongé dans le réel par l'utilisation du présent. Ou le vulgaire danse avec le langage le plus fleuri, ou les images, les métaphores et les allégories sont d'une ténébreuse beauté. Pour tout cela, l'auteur mérite très largement sa place de génie dans le panthéon des écrivains.
Mais c'est un génie malfaisant et désabusé qui ressasse au travers de son "héro" sa haine pour l'humanité et le monde des hommes. Au travers de ce livre, j'ai compris d'où venait la réputation de Céline, ses penchants antisémites, son homophobie, sa misogynie ou bien son racisme. Oui, on retrouve bien cela dans son récit. Et même si ne connaissant pas l'homme je ne peux juger s'il exprime sa véritable pensée, la force et le talent qu'il applique sont troublants.
Bref je n'ai pas aimé ce livre, peut être à cause d'un mécanisme glauque d'identification qui me renvoie à la figure ma propre misanthropie. Je trouve l'ouvrage malsain et plus encore car il mérite soin titre de chef d'oeuvre. Comment un tel talent peut-il être employé pour exprimer une telle haine, cela me dépasse. J'ai mis près d'un mois à finir le livre, me forçant à continuer malgré le dégoût qu'il m'inspirait. C'est en fermant la dernière page que je me suis promis de ne plus jamais y retourner, de ne jamais le conseiller. Ô toi, visiteur perdu sur ce site, n'achètes pas ce livre ou tu risques de livrer ton âme avec pour devenir l'un des personnages du roman, un être médiocre et aigri. Certains des propos de Louis-Ferdinand Céline sonnent douloureusement justes mais à quoi bon se les approprier sous peine d'oublier que quelque part, malgré tout la vie vaux peut être le coup d'être vécue.

Le deuxième livre dont je vais parler n'est pas beaucoup plus gai. Et pour cause, il parle de la guerre. Une guerre douloureusement plus récente et toujours d'actualité. La sombre affaire qui a mené les armées de la liberté étoilée à conquérir le berceau de l'humanité à la recherche d'or noir et d'uranium enrichi. La description du fumier sanglant au dessus duquel s'épanouissent leds fleurs vénéneuses du terrorisme. En décrivant comment des brutes bardées de grenades et de menottes sont venues apprendre aux poètes à être des hommes libres l'écrivain des "Sirènes de Bagdad", Yasmina Khadra raconte l'histoire d'un jeune bédouin. L'homme simple d'un petit village confronté à l'horreur de la guerre et qui à travers sa haine se réfugie contre l'injustice. Comment il trouve une échappatoire dans l'idée de se suicider dans un attentat meurtrier. Ce livre est dur mais merveilleusement bien écrit. Les images suscitées par la prose enchantée de l'écrivain nous entraînent dans un monde ou la folie des hommes a fait sombrer le joyaux de l'orient dans le gouffre de la barbarie.
La seule chose regrettable dans cette histoire, c'est la psychologie du personnage principal. Un mouton qui se contente de suivre les évènements sans réagir. Incapable d'entendre la voix de la raison, il sombrera lui aussi corps et âme dans la folie.
Un livre à lire en tout cas pour appréhender la situation complexe d'aujourd'hui en Irak et savoir ce qui peux pousser les hommes à franchir le pas du terrorisme aveugle. Yasmina Khadra, assurément un grand écrivain.

Pour mémoire, je vais également évoquer le troisième livre que j'ai lu. L'automate de Nuremberg de Thomas Day démarre avec une fabuleuse idée. Il nous présente l'histoire de cet automate crée par l'homme et qui doué de la conscience part à la recherche de son créateur pour lui demander "suis-je une machine ?". Au travers de son uchronie, Thomas Day nous raconte les errances de ce robot de la cour impériale de Russie jusqu'à l'Afrique Francaise en passant par l'empire Napoléonien et l'Angleterre du génie industriel. Une histoire prometteuse, qui malheureusement ne tient pas ses promesses. Une belle idée bâclée et gâchée par une écriture trop simple.
Le livre est court mais on l'aurait peut être préféré plus dense. Le livre n'est pas cher, mais il vaux tout juste son prix. Dommage...

Voilà tout pour aujourd'hui. Il me reste encore à parler de l'ombre du vent, quel livre magnifique ma surprise de ce début d'année. Mais j'ai déjà bien mis trop de temps à écrire ces quelques lignes. Demain est un autre jour. Et l'oiseau reprendra c'est sûr sa plume.